M. Pierre Seydoux
M. François Coutrot
Le 7 juillet 1992
Le Recueil Dalloz informatique
Avant de vous parler du Recueil Dalloz et de son application informatique, je
voudrais brièvement vous présenter les Éditions
Dalloz-Sirey et les produits qu'elles commercialisent.
Les Éditions Dalloz-Sirey
La création des Éditions Dalloz remonte à 1824, celle des
Éditions Sirey à 1789. Sirey était jusqu'en 1991 une
filiale de Dalloz. Depuis le 1er janvier 1992, ces deux sociétés
ont fusionné pour devenir les Éditions Dalloz-Sirey.
Dalloz-Sirey emploie 120 personnes. Ses spécialités sont le
droit, les sciences politiques, l'économie, la gestion,
l'enseignement.
Le chiffre d'affaires édition se répartit en quatre familles
d'ouvrages à dominante professionnelle et universitaire :
- 17 codes, dont 6 sont édités tous les ans : civil, commerce,
pénal, procédure pénale, procédure civile et
travail. Les 11 autres sont, sauf exception, édités tous les deux
ans (par exemple les codes des sociétés, administratif, de
l'urbanisme, rural, de sécurité sociale, etc).
- L'Encyclopédie et le Guide juridique sur feuillets mobiles avec Mise
à jour qui représentent quarante volumes de 800 pages environ.
L'Encyclopédie est divisée en répertoires de droit civil,
de commercial, de pénal, du travail, etc.
- Les autres ouvrages relevant du régime du droit d'auteur
(précis, traités, mementos, etc.) : 400 titres au catalogue et
130 parutions par an.
- Les revues, au nombre de quinze, sont en grande majorité
trimestrielles (dix). Quatre sont soit bimestrielles, soit bimensuelles. Le
Recueil Dalloz est, quant à lui, un hebdomadaire.
J'ai le regret de penser que vous n'êtes pas tous ici présents de
fidèles abonnés de cette revue. Je me dois donc, avant de vous
présenter son application informatique, de vous en parler sous sa forme
papier.
Le Recueil Dalloz-Sirey.
Son contenu.
Cet hebdomadaire, qui comporte quarante-trois numéros par an plus un
quarante-quatrième constitué de ses tables annuelles, est une
institution. En effet, il existe, sous des titres variés, depuis 1824.
C'est une revue juridique générale en ce sens qu'elle couvre,
d'une part, les trois principales sources du droit français que sont la
doctrine, la jurisprudence et la législation, et, d'autre part, tous les
domaines du droit : civil, commercial, social, européen, etc.).
Il faut toujours avoir à l'esprit que la quasi-totalité de la
revue n'est pas saisie chez Dalloz, mais par un imprimeur à Toulouse.
Le Recueil Dalloz est divisé en cinq grandes parties plus une
sixième appelée Bibliographie.
- La partie Chroniques :
- elle est constituée d'articles de fond
rédigés par des professionnels du droit (professeurs, magistrats,
avocats) qui commentent l'évolution de la jurisprudence, un nouveau
texte de loi ou font de la prospective. C'est de la doctrine à
l'état pur.
- La partie Jurisprudence :
- elle reproduit des décisions de
justice in extenso, principalement des cours suprêmes (Cour de cassation,
Conseil d'État, Cour de justice des Communautés
européennes), suivies du commentaire d'un spécialiste de la
matière ou précédées des conclusions d'un avocat
général ou d'un commissaire du Gouvernement. Il est à
noter que le texte intégral de la décision est toujours
précédé d'un résumé (sommaire dans le jargon
juridique). Dans cette partie de la revue, on trouve donc deux sources du droit
: jurisprudence et doctrine.
- La partie Sommaires commentés :
- elle ressemble beaucoup
à la partie Jurisprudence en ce sens qu'on y trouve les mêmes
sources du droit (jurisprudence et doctrine). Elle en diffère dans la
mesure où les décisions de justice ne sont pas reproduites in
extenso, mais seulement en résumé et sont suivies d'un
commentaire plus bref que dans la partie Jurisprudence. D'autre part, les
décisions sont présentées par thèmes (divorce,
faillites, effets de commerce, concurrence, etc.). Il y a plus de cinquante
thèmes différents abordés dans cette partie du Recueil.
- La partie Informations rapides :
- elle ne contient que de la
jurisprudence. Y sont reproduits, à bref délai, des
résumés des principales décisions rendues par le Tribunal
des conflits, la Cour de cassation, le Conseil d'État, la Cour de
justice des Communautés européennes, les cours d'appel de Paris
et de Versailles et, éventuellement, d'autres juridictions lorsque la
décision le mérite.
- La partie Législation :
- avant dernière partie de la
revue, mais la première source du droit français. Y sont
reproduits les principaux textes publiés aux Journaux officiels de la
République française et des Communautés
européennes. Ce n'est pas la place du texte dans la hiérarchie
des normes qui dicte le choix de publication (une circulaire peut être
publiée alors qu'une loi sera écartée), mais
l'intérêt juridique de ses dispositions.
- La partie Bibliographie :
- sixième et dernière partie de
la revue. Elle recense les ouvrages de droit, articles de doctrine,
commentaires législatifs ou de jurisprudence publiés dans une
soixantaine de revues juridiques.
Juste quelques chiffres pour vous donner une idée du volume de la revue.
Plus de 2000 pages par an à raison d'une moyenne de 9000 signes à
la page.
En 1991, le Recueil a publié 55 chroniques, 2646 décisions de
justice (248 in extenso, 784 en sommaires commentés, 1614 en
informations rapides), 1758 textes (237 in extenso, 1010 en intitulé,
511 renvois aux JO).
Sauf pour les chroniques (sur le papier du moins), tout document publié
au Recueil est analysé par la rédaction et est
précédé de mots-clés (ou abstrats ou descripteurs)
indispensables pour réaliser les tables alphabétiques
annuelles.
Les tables annuelles.
Il n'est pas de revue juridique sans tables, c'est une évidence. Celles
du Recueil sont relativement volumineuses. Il y a des tables
alphabétiques semestrielles et des tables annuelles. Ces
dernières totalisent plus de 200 pages à raison d'une moyenne de
10000 signes à la page.
Elles sont constituées (je passe sous silence quelques tables annexes de
faible importance qui ne font pas, d'ailleurs, l'objet d'un traitement
informatique) :
- d'une table alphabétique des décisions de jurisprudence
rassemblant les parties Jurisprudence, Sommaires commentés, Informations
rapides dont je vous ai parlé précédemment. Ce sont tous
les mots-clés rédigés par la rédaction pour chaque
décision publiée qui en forment le contenu. Il y a eu, en 1990,
2950 <<pavés>> de mots-clés à classer par
ordre aplhabétique, et 2984 en 1991 ;
- d'une table chronologique des décisions de jurisprudence
(Jurisprudence, Sommaires commentés, Informations rapides). C'est un
accès classique en recherche. Tout jugement ou arrêt ayant une
date, les quelques 2600 dates des décisions publiées sont
classées par ordre chronologique croissant. En cas de décisions
ayant la même date, on respecte l'ordre hiérarchique des
juridictions, et si les juridictions sont de même niveau, l'ordre
alphabétique de leur dénomination, puis la partie du Recueil
où elles ont été publiées ;
- d'une table alphabétique des noms des parties portant toujours sur les
trois parties précitées et qui représente, puisque
quelques 2600 décisions sont publiées annuellement, près
de 5000 noms à classer (l'anonymat des parties devant être
respecté dans certaines matière) ;
- d'une table alphabétique des textes législatifs et
réglementaires qui porte donc sur la seule partie Législation du
Recueil. Ce sont toujours les mots-clés précédant chaque
texte qui en forment le contenu. Il y a eu, en 1990, 2998
<<pavés>> de mots-clés à classer, 2875 en 1991
;
- d'une table chronologique des textes. Chacun des 1758 textes publiés
ou mentionnés est répertorié à sa date par ordre
chronologique. Lorsque plusieurs textes ont la même date, on respecte
l'ordre hiérarchique des textes, puis l'ordre alphabétique des
mots-clés si plusieurs textes de même date sont du même
niveau hiérarchique.
Depuis plusieurs années, la rédaction du Recueil envisageait une
informatisation de ce service rendue possible du fait de l'évolution des
techniques chez les imprimeurs (la photocomposition) et indispensable en raison
du travail considérable à effectuer sur les tables annuelles
(plus de 20000 fiches à classer tous les ans).
De plus, tous les éléments nécessaires à la
confection des tables ayant été saisis en cours d'année
par l'imprimeur, il paraissait absurde de ne pas les réutiliser en
chargeant une machine, plutôt qu'un salarié, de faire les
classements alphabétiques et chronologiques, et d'économiser
ainsi une nouvelle saisie chez l'imprimeur.
Lorsque l'informatisation a été envisagée, il y maintenant
trois ans, les rédacteurs du Recueil ne soupçonnaient pas
l'existence de disques durs, de fichiers ASCII, de MS-DOS, etc. Bref, ils
avaient vu des ordinateurs, mais n'avaient jamais posé leurs doigts sur
un clavier, chargé une disquette, modifié un config.sys ; ils n'y
connaissaient rien et moi le premier.
Après avoir vu de nombreux vendeurs de matériels et de logiciels
nous présentant des solutions dont nous ne pouvions apprécier la
pertinence, nous avons décidé de faire appel à un
consultant extérieur.
Notre choix s'est porté sur François Coutrot de la
société Volt. C'est lui qui a réalisé
l'étude de faisabilité et mis en place l'application.
Objectifs et outils.
Objectifs.
En informatisant le Recueil, les Éditions Dalloz poursuivaient plusieurs
buts :
1. - Améliorer la fabrication de la revue.
Trois points principaux ont été pris en considération :
- Éliminer les fiches et tris manuels conduisant à la productions
des tables du Recueil (semestrielles ou annuelles) avec, comme
conséquence importante, la possibilité de faire paraître,
dès les toutes premières semaines de l'année, les tables
de l'année précédente.
- Fournir aux rédacteurs un système d'aide à la
rédaction grâce à des accès nouveaux à
l'information du Recueil quelle que soit sa date de parution (en particulier
les possibilités d'interrogation directe sur plusieurs années) et
une recherche de cohérence accrue dans l'indexation des documents par
des rapprochements simples en informatique.
- Doter les secrétariats d'outils plus performants.
2. - Préserver l'acquis.
Compte tenu des évolutions techniques de l'édition, il
était devenu indispensable de posséder un outil de conservation
de l'information compatible avec d'éventuelles réutilisations.
Certes le papier peut remplir cette fonction, mais il impose des travaux de
retraitement (et notamment de saisie) importants.
L'un des usages immédiats pouvait être le CD Rom vu comme un
support d'archivage pour l'entreprise.
3. - Imaginer des accès nouveaux.
Le Recueil est un outil de travail indispensable pour les Éditions
Dalloz. Sans que cet objectif soit proritaire, il était
intéressant de tester des accès nouveaux à cet ouvrage
permettant à tous les rédacteurs d'en avoir une utilisation
élargie.
Outils.
Pour répondre aux objectifs définis, il fallait installer au
minimum les outils suivants :
- Traitement de texte (rédacteurs et secrétaires).
- Gestionnaire du fonds éditorial : il fallait notamment disposer d'un
système d'indexation, de recherche et d'extraction (tables) des
informations.
- Logiciel d'échange permettant la communication entre les personnes du
Recueil et, le cas échéant, avec certains interlocuteurs
extérieurs comme l'imprimeur.
Réalisation.
Comme dans toute réalisation, l'organisation informatique résulte
à la fois des fonctions à remplir et des choix matériels
et logiciels faits sur l'analyse de ces fonctions.
Compte tenu des travaux à faire et des volumes prévus, il a
été décidé de se tourner vers le monde de la micro
informatique.
Choix des logiciels.
Trois logiciels principaux ont été choisis :
- Word 4 (Microsoft) pour le traitement de texte ;
- Édibase (Inform II) pour la gestion du fonds éditorial ;
- 3 X Link pour la communication interne.
Édibase et 3 X Link étaient au centre du dispositif retenu.
Édibase. - Édibase est un progiciel documentaire sur micro
ordinateur MS DOS créé par la société Inform
II-Microfor (Québec).
C'est un produit puissant qui présente des caractéristiques
intéressantes pour la gestion de fonds éditoriaux :
- définition très facile des bases de données, sous le
contrôle de l'utilisateur ;
- recherche en texte intégral et multi-index, propriété
qui correspondait bien au contenu des documents à traiter. Toute
question se construit par équation booléenne posée
directement ou par extraction de vocables dans les différents
dictionnaires (index) constitués ;
- traitement de texte intégré au produit ;
- thésaurus pour élargissement de la question ou enrichissement
;
- mise en pages automatique de documents extraits des bases ;
- tris alphabétiques et chronologiques ;
- transformation (conversion) de documents pour récupération ou
export.
La plupart des modules sont utilisables séparément permettant de
mettre en place des processus de traitement (enchaînement des
tâches) pour automatiser certaines fabrications : c'est, en particulier,
le cas des tables semestrielles et annuelles ;
- enfin, la simplicité du produit le rend facilement utilisable par des
non-informaticiens.
3 X Link. - Progiciel de la société 3 X (France), 3 X Link
gère à grande vitesse les échanges de fichiers entre les
ordinateurs (il utilise les sorties parallèles).
Choix des matériels.
L'équipement sélectionné comprenait pour chaque
rédacteur :
- un micro ordinateur avec un processeur 386-SX et 1 Mo de mémoire vive
;
- un disque dur de 40 Mo ;
- une imprimante à aiguilles.
Le secrétariat, chargé d'indexer les bases, avait pour sa part
:
- micro ordinateur 386-20 Mhz avec 1 Mo de mémoire vive ;
- 120 Mo sur le disque dur ;
- une cartouche de sauvegarde de 40 Mo ;
- une imprimante laser.
Le volume des bases, pour une année, avait été
estimé à 40-45 millions d'octets.
Organisation.
Fonctionnement général. - Le fonctionnement informatique du
Recueil repose sur la transformation et l'indexation de l'information venant de
l'imprimeur, de sa correction / enrichissement par les rédacteurs et des
extractions diverses nécessaires pour alimenter les produits papier.
Il est résumé sur le schéma de l'annexe 1.
Organisation. - Au schéma fonctionnel correspond une organisation
des tâches et une répartition des matériels et logiciels
:
- Les secrétariats sont équipés de Word 4 pour le courrier
et la saisie de certains travaux et de 3 X Link, la machine d'indexation
d'Édibase, mais le gestionnaire documentaire n'est pas utilisé en
recherche.
- La rédaction possède Édibase, 3 X Link et utilise, si
nécessaire, Word 4.
- Un gestionnaire permet aux machines reliées par 3 X Link de partager
l'imprimante laser du secrétariat (voir annexe 2).
Recueil informatisé.
Bases de données. - La totalité de l'information
publiée au Recueil a été mise dans six bases
documentaires, découpage déterminé en grande partie par la
structure de l'ouvrage :
- Chroniques ;
- Jurisprudence, Sommaires commentés, Informations rapides ;
- Législation ;
- Bibliographie.
Chaque semaine, les bases sont alimentées par le numéro
correspondant du Recueil, les tables communes à plusieurs bases se
faisant par extraction semestrielle et annuelle (voir annexe 3).
En fin d'année, les bases de même nature sont rassemblées
en trois grandes bases correspondant aux trois sources du droit :
- Doctrine ;
- Jurisprudence ;
- Législation.
Les bases cumulent les documents des années antérieures.
A titre indicatif, pour une période de deux ans, les bases
représentent un volume d'environ 40 millions de caractères, soit
près de 80 millions de caractères avec les index.
Accès aux bases. - Chaque rédacteur peut effectuer des
recherches sur les bases de l'année en cours ou sur les historiques
constitués.
Pour une bonne efficacité, les index ont été
définis en fonction de la nature de la base (et il existe au moins un
index de type texte). En réalité, les index recouvrent tous les
moyens d'accès à la documentation juridique.
A titre d'exemple, l'annexe 4 présente une recherche dans l'index
Mots-clés de la base jurisprudence.
Outils. - Les rédacteurs disposent, en plus des outils standards
d'Édibase, d'un ensemble de programmes (combinaison de modules
standards) permettant, à partir d'extraction de documents, de constituer
les tables du Recueil. Elles seront achevées, sur le plan
typographique, par l'imprimeur.
Mise en place. - La mise en place opérationnelle s'est faite en
janvier 1990. Elle a été précédée d'une
période de réalisation d'environ huit mois qui a porté sur
les structures de l'information (et des bases), les programmes à mettre
en place, les équipements du poste de travail, les relations avec
l'imprimeur, une première expérimentation des concepts et
développements.
Bilan et évolutions.
Bilan.
Après un an de fonctionnement, plusieurs améliorations ont paru
nécessaires :
- La production des bases (indexation) devait l'être en totalité
par les rédacteurs, notamment pour la gestion des incidents et
décisions corrélatives.
- Les procédures de contrôle et sécurité,
sous-estimées dans cette première période, devaient
être renforcées et systématisées.
- La dimension des machines devait être considérablement
élargie, tant en terme de mémoire vive que de disque dur. Tous
les ordinateurs des rédacteurs ont été ainsi portés
à 4 Mo de RAM et 120 Mo de disque dur.
- La vitesse des machines devait, à terme être augmentée.
Évolutions.
En plus des évolutions inhérentes à la dynamique des
organisations (voir en particulier le bilan précédent), d'autres
fonctions du Recueil peuvent être informatisées ou
modifiées.
Réseau. - La mise à disposition des bases par échange
de fichiers est insuffisante dans la perspective d'un fonds documentaire commun
aux Éditions Dalloz.
Dans ces conditions, il a été décidé
d'équiper le Recueil d'un réseau permettant à chacun
d'accéder à toutes les bases produites, qu'elles appartiennent au
Recueil ou à d'autres services (voir annexe 5).
Le gestionnaire de réseau est Novell 3.11. Il tournera sur un micro
ordinateur 486 de 50 Mhz, doté d'un disque dur de 1,4 Go et d'une
cartouche de sauvegarde. La gestion des bases est faite par Édibase. Les
postes des utilisateurs sont des micro ordinateurs.
Références. - Les bases générales de
références tenues par le Recueil avaient été
écartées lors de la première informatisation en raison de
leur nature réseau. L'étape à venir permet
dorénavant de les prendre en considération.
![[Table des matièes]](/fr/equipes/technologie/conferences/aqdij/img/up.gif)
Ernst Perpignand, 31 janvier 1995